Au cœur des changements fondamentaux de l'enseignement supérieur aujourd'hui : des cohortes de plus en plus nombreuses dans les auditoires, des enseignants et assistants de plus en plus sollicités et disposant de moins en moins en temps et un objectif commun : la qualité des apprentissages.

Dans ce contexte, nous développons un dispositif d'évaluation innovant qui permet de combiner le potentiel structurant des cartes conceptuelles à la facilité de correction des QCM et à la dimension collaborative de l'apprentissage par les pairs pendant la session d'évaluation avec pour objectif général de garantir une évaluation qualitative (à haut niveau taxonomique) des apprentissages : les cartes conceptuelles à trous (CCàT).

Concrètement, le dispositif d'évaluation par CCàT est constitué de 3 phases de travail : la complétions individuelle d'une carte conceptuelle comportant des « blancs » à l'aide d'une liste de propositions (et la justification, le cas échéant, du choix de concept), la collaboration entre pairs pour valider, débattre, justifier ces réponses et enfin la complétion individuelle d'une seconde carte, identique à la première. L'évaluation finale tient compte des deux formulaires, avec une pondération fixée par l'enseignant.

Le dispositif peut être utilisé dans le cadre d'évaluations formatives ou certificatives, continues ou non. Par ailleurs, il peut être mis en œuvre lors d'un cours, sans nécessiter de disposer de salles supplémentaires permettant d'éloigner les participants les uns des autres, comme cela est le cas lors des examens classiques (trois séries différentes sont proposées).

La recherche rassemble plusieurs professeurs de l'UCLouvain et une conseillère pédagogique du Louvain Learning Lab. De nombreux tests en situation réelle (amphithéâtres de 40 à plus de 600 étudiants) ont été réalisés afin de valider les hypothèses. Deux types de résultats sont pris en compte : premièrement, les notes obtenues par les étudiants aux différents tests, triées en fonction des contraintes qui leur ont été imposées ; ensuite les réponses obtenues aux « feedbacks » récolté auprès des étudiants après chaque évaluation.

Les résultats obtenus jusqu'à maintenant confirment plusieurs hypothèses. La principale est l'atteinte de niveaux taxonomiques plus élevés lors des évaluations (Bloom et de Solo). Par ailleurs, nous constatons que les étudiants mobilisent une attitude hypothético-déductive pour compléter les cartes. La période de collaboration entre pairs permet d'améliorer les apprentissages pendant les périodes d'évaluation et pas seulement pendant l'année. C'est l'occasion d'argumenter, voire de débattre des réponses des uns et des autres.

S'appuyant sur les théories actuelles de l'apprentissage et utilisées comme outil d'évaluation formative ou certificative, de manière ponctuelle ou continue, les cartes conceptuelles à trous permettent à l'enseignant de s'assurer que les étudiants perçoivent la matière dans sa globalité, sont capables de faire et de caractériser des liens entre des concepts vus précédemment et de les rattacher aux connaissances préétablies.