Proposition de communication orale – ADC-Educ 2019
Regard sur le métier au travers du prisme de la socialisation organisationnelle : Des représentations des formateurs aux vécus des stagiaires
Depuis une vingtaine d'années, l'entrée en fonction des enseignants débutants fait l'objet de réflexions dans le chef des politiques, des différents acteurs de l'enseignement et des chercheurs de l'éducation (voir par exemple : De Stercke, 2014 ; Roy, Dufour &, Meyor, 2018 ; Van Nieuwenhoven & Cividini, 2016). Les difficultés vécues par les enseignants débutants durant cette période ont des conséquences sévères sur leur taux d'attrition. Dupriez et ses collègues (2016) estiment à 35% le nombre d'enseignants novices qui quittent la fonction en deçà des cinq ans d'exercice au niveau du secondaire.
De nombreuses études ont vu le jour en réponse à ces constats. Néanmoins, elles se focalisent majoritairement sur les pratiques du « faire la classe » (voir par exemple : Chester & Beaudin, 1996 ; Tschannen-Moran & Woolfolk Hoy, 2001). Or, cantonner le métier de l'enseignant à cette perspective micro ne permet pas d'interroger les aspects relationnels, organisationnels et autres réalités qui correspondent à la prise de rôle d'un novice au sein de l'organisation « école » (März, Gaikhorst, & Van Nieuwenhoven, soumis ; Mukamurera, Martineau, Bouthiette, & Ndoreraho, 2013).
Cette prise de rôle se réfère au concept de socialisation organisationnelle (Van Maanen & Schein, 1979), qui peut être défini comme étant un processus d'apprentissage continu et dynamique de l'enseignant en milieu de travail lui permettant d'acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour être un membre à part entière dans une école particulière (avec sa culture, ses valeurs, ses règles, ses routines, etc.) (Kearney, 2015 ; Kuzmic, 1994 ; Van Maanen & Schein, 1979). Selon Lacaze (2007), la première étape de ce processus de socialisation débute durant la formation initiale.
À partir de ce cadre théorique, notre contribution cherche à répondre à la question suivante : « Comment le stage de dernière année de formation initiale des enseignants prépare les étudiants à entrer dans ce processus de socialisation organisationnelle ? ». Puisqu'elle propose un point de vue critique sur la formation des enseignants, notre présentation s'ancre dans l'axe deux du colloque : « À l'aune des réformes du système éducatif : comment repenser notre métier – Quels changements ? ».
Pour répondre à notre questionnement, nous avons réalisé une analyse de contenu (Miles & Huberman, 1994) des données issues de focus group avec des formateurs de cinq instituts de formation initiale de Belgique francophone et d'entretiens semi-directifs avec quatre stagiaires, leurs superviseurs et les directions les accueillant en stage.
L'analyse qualitative des résultats des focus groups et des entretiens mettent en évidence des réalités différentes. Alors que les formateurs considèrent le stage comme un lieu privilégié de préparation à la socialisation organisationnelle, les étudiants stagiaires et leurs superviseurs en ont une perception bien différente.
Ces résultats questionnent les responsabilités de la formation initiale dans l'accompagnement de l'insertion professionnelle du novice, notamment via la période de stage des étudiants.